Fred Chapellier
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


Fred, merci de participer à notre émission afin de promouvoir ton nouvel album " A Tribute to Roy Buchanan " (label Dixiefrog) sur lequel figure une impressionnante liste d'invités prestigieux…
Il ne s'agit que de gens que j'apprécie particulièrement, aussi bien sur un point de vue musical qu'humain. J'avais déjà eu l'occasion de travailler avec certains d'entre eux…

En ce qui concerne Billy Price (ex-chanteur du groupe de Roy Buchanan, Nda) c'est une première collaboration. Nous sommes en contacts étroits, via le téléphone et Internet, depuis plus d'un an.
Ce disque est une parenthèse par rapport à mes deux premiers CD qui étaient en français.
J'avais, depuis longtemps, cette idée en tête. Faire un album en hommage à Roy Buchanan (grand guitariste de Blues américain décédé en 1988, Nda) qui a toujours été mon Dieu absolu !

J'ai tenu à y faire participer certains musiciens qui avaient eu l'occasion de le côtoyer et de travailler avec lui. Je me suis fait un beau cadeau…

Avant de continuer à parler de cet album, peux-tu revenir sur tes débuts musicaux ?
Tout a commencé, pour moi, par la batterie alors que j'avais 7 ou 8 ans. J'étais impressionné par de nombreux batteurs et, plus particulièrement, par John Bonham (batteur d'origine du groupe Led Zeppelin décédé en 1980, Nda) ou encore Ian Paice (membre de Deep Purple, Nda).

J'ai pratiqué cet instrument jusqu'en 1981. Puis j'ai touché, pour la première fois de ma vie, une guitare électrique. Je me suis, immédiatement, senti à l'aise avec cet instrument. Il s'est passé quelque chose…
J'ai donc arrêté, du jour au lendemain, la batterie pour me lancer à 100% dans l'apprentissage de la guitare. De plus, il y avait toujours du Blues qui passait à la maison car mes deux frères aînés en écoutaient beaucoup. J'ai " baigné " dans cet environnement musical très tôt …

Un autre élément déclencheur a été l'album " Livestock ", de Roy Buchanan, que l'un de mes frères m'avait ramené un beau jour de 1975. J'ai pris une claque énorme en l'entendant et, depuis, je suis toujours aussi fan de Roy. C'est lui qui m'a montré la voie à suivre…

Pour obtenir un tel niveau de dextérité, tu as du travailler de façon intensive…
J'ai appris à " l'ancienne ", c'est-à-dire à l'oreille. J'écoutais des 33 tours que je devais même, souvent, freiner à la main afin que les plans de guitare passent au ralenti et que je puisse bien les assimiler. Je n'ai jamais pris le moindre cours de ma vie et je suis incapable de lire une partition. J'ai, simplement, acheté quelques livres pour savoir quelles gammes je jouais et quels accords j'utilisais…

J'a, surtout fait cela car il m'arrive, aujourd'hui, de donner des cours …
J'ai travaillé, d'arrache-pied, 5 ou 6 heures par jour pendant 10 ans à compter de 1981.
Depuis 1991, par contre, je me contente de jouer. Quand je prends une guitare c'est soit pour répéter, soit pour me produire sur scène, soit pour composer car j'aime créer.

La seule chose qu'il m'arrive, encore, de peaufiner c'est mon touché. Tout le reste, je ne le travaille plus depuis une quinzaine d'années.

Outre Roy Buchanan, quels étaient tes guitaristes préféré ? On sent aussi l'influence d'Albert Collins, est-ce lié à ton amour du modèle Telecaster de chez Fender ?
Exactement, d'ailleurs, la plupart de mes guitaristes préférés jouent sur une Telecaster. L'un des plus grands, pour moi, est Albert Collins. J'aime aussi Luther Allison, Freddie King, BB King et, bien sûr, Stevie Ray Vaughan qui reste une grande influence.

A ce moment là, y'avait-il déjà des bluesmen français qui retenaient ton attention ?
Parfaitement car j'ai toujours été très attiré par la musique de Bill Deraime. Surtout lors de sa grande période Blues, avant qu'il ne s'aventure dans le Reggae.
Pour moi, qui ai fait mes deux premiers albums en français, il reste une grande référence.

Quand on écoute ton morceau " Le Blues ", issu de ton premier album, la filiation est frappante…
Oui, si il y a une personne qui m'a inspirée au niveau des paroles et de la façon de chanter c'est bien Bill Deraime !

As-tu formé des groupes avant de te produire en solo ?
Avant de commencer à tourner sous mon propre nom, j'ai été membre d'un groupe. Men in Blue, formé avec mon bassiste actuel : Abder Benachour. Nous avions fait deux CD 4 titres et nous chantions en anglais car notre chanteur avait beaucoup vécu aux USA.
En fait, tout est devenu plus sérieux à partir du moment où j'ai commencé à me produire sous mon propre nom.

Le fait que la situation se débloque était-elle liée à une rencontre en particulier. Quelles ont été tes premières connexions dans le milieu ?
C'est un long travail de démarchage…
Pendant des années, je prenais ma voiture, seul, afin de me rendre à Paris. Dans le but de me montrer et de participer à toutes les jams sessions possibles. Je devais me faire connaître, même si cela m'a demandé un gros sacrifice financier.

De fil en aiguille, j'ai rencontré des gens qui m'ont permis de participer à des Festivals ou de faire des premières parties d'artistes.

Par la suite j'ai participé au tremplin Blues sur Seine. Je ne l'ai pas gagné mais j'y ai fait énormément de rencontres importantes.
Paris ne s'est pas fait en un jour. Il m'a fallu du temps avant que, petit à petit, tout se débloque.

Puis il y a eu des rencontres fondamentales comme ta collaboration avec Nina Van Horn. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Nous étions, ensemble, à l'inauguration d'un Club parisien qui, malheureusement, n'existe plus (Fred fait, probablement, référence au Club Drouot, voir reportage ICI, Nda). C'était notre première rencontre et nous avons sympathisé. Elle s'apprêtait à enregistrer un album (" From Huntsville to Jordan ", Nda) et m'a demandé d'y participer.

Une semaine plus tard j'étais à Paris pour les sessions. Là-bas j'ai été présenté à Neal Black avec lequel je collabore depuis. Puis j'ai fait quelques concerts avec Nina. A chaque fois, que je suis dispo. C'est toujours un plaisir de jouer avec elle ou avec Neal !
J'aime, aussi, partager la scène avec d'autres artistes comme je le ferai, prochainement, avec Tom Principato.

Cette collaboration, avec Nina, a aboutie l'été dernier sur une superbe tournée de l'autre côté de l'Atlantique. Peux-tu revenir sur cette incroyable expérience ?
Nous avons commencé par le Festival de Blues de Montréal. Un concert en plein air, il y avait entre 15.000 et 20.000 spectateurs. Nous avons aussi fait un concert à La Maison de la Culture de Montréal …
De plus, nous avons participé à quelques jams sessions dans des Clubs du Québec.

Puis on est parti une dizaine de jours dans le Michigan, du côté de Grand Rapids. Afin de nous produire dans des Clubs où l'accueil était fabuleux. J'y ai, par exemple, rencontré Donald Kinsey (bluesman local, Nda) qui a aussi bien joué avec Bob Marley qu'avec Roy Buchanan. Sur scène, ça a presque été la " fiesta " tous les soirs !

Nous avons même été invités à l'anniversaire de Buddy Guy dans son Club " Buddy Guy's Légends " .
J'ai discuté et même joué 5 minutes avec lui sur scène.

Est-ce qu'il t'a dit quelque chose en particulier ou donné un conseil ?
Il m'a juste dit " Tiens tu as le T-shirt de mon Club, n'oublie pas de la payer 15 dollars ! " (rires).

Pour ce disque, " A Tribute to Roy Buchanan ", comment as-tu sélectionné les morceaux et les invités ?
C'est une idée que j'avais en tête depuis 2 ou 3 ans.
L'an dernier, j'ai dressé une liste de 20 morceaux issus de son répertoire. Aussi bien des titres originaux que des chansons qu'il aimait reprendre sur scène. Nous avons enregistré la rythmique, basse - batterie -guitare. Puis nous avons mis de côté les morceaux qui nous semblaient les plus faibles.

Pour les 15 titres qui restaient, j'ai contacté Billy Price, Miguel M, Leadfoot Rivet, Neal Black, Tom Principato afin qu'ils viennent me prêter main forte. J'en avais d'autant plus envie que la plupart d'entre eux ont, un jour, côtoyé Roy.
Je voulais que ce disque soit une fête, un mini Festival pour Roy Buchanan…

Les invités sont-ils intervenus dans le choix des titres auxquels ils participent ?
C'est moi qui ai fait cette sélection en tenant compte des styles et des caractéristiques musicales de chacun d'entre eux.

Il y a quelque un qui est omniprésent sur ce disque. Un grand nom de la musique : c'est Jean Roussel. On lui doit, par exemple, des albums de George Harrison, Cat Stevens et même Bob Marley…
C'est exact. D'ailleurs c'est lui qui joue sur la version originale de " No Woman No Cry ". Il a produit et composé des hits pour Sting aussi, comme " Every Little Thing She Does Is Magic " .
C'est cet homme qui co-produit mon album et j'en suis très fier !

Comment l'as-tu rencontré ?
On m'a contacté, un jour, pour accompagner le batteur et chanteur Donald Ray Johnson. C'était au Quai du Blues à Neuilly, il y a 6 ans. Son clavier, à ce moment là, était justement Jean Roussel qui s'était intégré au groupe au dernier moment. Chacun de nous a accroché sur le style de l'autre. Il m'a, par la suite, sollicité pour collaborer à certains de ses projets.

Au moment de commencer l'enregistrement de ce disque, il m'a annoncé qu'il avait, dans le passé, accompagné Roy et produit l'un de ses albums.
J'en étais bouche bée. Il était l'homme de la situation et il a immédiatement adhéré au projet.

La scène Blues française est, de plus en plus, active. Ressens-tu un engouement, pour celle-ci, de la part du public ?
Je ne peux pas dire que l'engouement actuel soit supérieur à celui des années précédentes…
Par contre, je me rends compte qu'il y a de plus en plus de salles et de Festivals qui donnent leur chance aux groupes français. Au Festival de Cahors, par exemple, il y a toujours de la place pour les artistes français.

De plus Internet, avec des sites comme MySpace, peut aider tout le monde à trouver des contacts à travers la planète entière. Cela nous aide énormément pour notre promotion…

D'ailleurs " A tribute to Roy Buchanan " est destiné à être exporté à travers le monde…
C'est Majestic Records, label basé à Philadelphie, qui va distribuer mon disque aux USA.
J'ai, d'ailleurs, un agent là-bas qui commence à démarcher. Nous avons des contacts sérieux qui devraient nous permettre de monter, prochainement, une tournée en Amérique du Nord.
Il ne faut pas oublier Dixiefrog qui fait du très bon travail. Cet album est distribué dans toute l'Europe, soit une trentaine de pays.

Donc tu vas beaucoup voyager les prochains temps…
Oui j'ai déjà des Festivals qui sont prévus en Norvège, en Allemagne etc…

Outre ces concerts, je suis sûr que tu as déjà des idées pour tes prochaines productions discographiques…
J'ai enregistré un concert que j'ai fait, dans un répertoire français. C'est un reflet fidèle de mes tournées lors des trois dernières années. Le projet est, pour le moment, mis un peu de côté.

Il pourrait ressortir afin de coupler cet enregistrement à un concert donné en anglais. Ce double CD, éventuel, représenterait les deux faces de ma carrière.

Je travaille, aussi, sur l'enregistrement d'un album studio tout en anglais. Neal Black m'aide beaucoup pour l'écriture des textes…

As-tu une conclusion à ajouter ?
Juste un grand merci car ce sont des émissions comme celle-ci qui nous aident vraiment…
A part merci, je ne peux pas dire grand-chose d'autre. C'était un plaisir d'être là…
Ce n'était pas la première fois et j'espère, encore, revenir très bientôt !

Remerciements : Fred, Billy, Pat, Abder, Philippe Langlois

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Interview réalisée au
Studio RDL Colmar
le 7 novembre 2007

Propos recueillis
par David BAERST

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Interview de Fred Chapellier

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